samedi 15 mai 2010

Bataille de l'un et du multiple

En littérature française, au lycée, on apprenait la règle très classique des trois unités - celle que respectait par exemple le théâtre de Racine : unité de temps, unité de lieu, unité d'action.

Ainsi - exemple - La dernière goutte (5 minutes) qui raconte la "fabrication", expresse et à la demande, d'une bouteille de vin par une sorte de Romain Duris, répond-elle - avec un but humoristique - à cette règle.
De même - autre exemple - pour L'Orpailleur, le vignoble (13 minutes) qui présente le travail nécessaire à l'élaboration d'un vin de glace québécois.

Or, le monde du vin - même considéré dans l'une de ses plus petites parties - est si riche et si contradictoire, peut être abordé de tant de manières, est sujet de tant de débats, s"offre à tant de regards différents, qu'il faut aux cinéastes qui veulent se faire le truchement de cette variété d'expressions beaucoup de maîtrise.

Trop de richesses nuit sinon à la cohérence du film, aux repères du spectateur, à la clarté d'une illustration, d'un message ou d'une prise de position.

C'est ce qui arrive aux parallèles - qui par définition ne se croisent pas - de Kissed by the grape (61 minutes qui en paraissent 122, entre Espagne, Chili et Italie).

C'est ce qui n'arrive pas à The spanish wine cathedrals (53 minutes qui en paraissent 26, entre Rioja et Andalousie), qui sur une trame de belles images entrelace des témoignages concentrés, et aborde par touches les thèmes clés de la viticulture, de la vinification, de l'élevage, des échanges culturels et commerciaux, de l'architecture, des arts graphiques, du patrimoine et des générations...

N'est-ce pas ainsi seulement, par aperçus, éclairages, fragments qu'un cinéma de talent peut nous porter au coeur de ce monde si complexe ?

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